La Destination Quimperlé les rias offre une grande variété de producteurs. Grands producteurs ou micro-producteurs, ils font vivre notre beau territoire. Nous avons souhaité les mettre en avant à travers des entretiens, pour qu’ils nous parlent de leur métier, leurs passions et leur lien avec la Destination Quimperlé les rias. Notre série « Portrait de producteurs » débute avec Jessica, apicultrice et fondatrice des « Ruches d’Armalia », à Riec-sur-Bélon.
Jessica, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis apicultrice professionnelle, installée depuis 5 ans en Bretagne, dans le Finistère.Mon projet a pris forme dans un bel écrin de verdure, entourée de mon mari et de mes 3 jeunes enfants.
Mon histoire, c’est celle d’une étincelle, d’une rencontre au hasard avec un couple âgé d’apiculteurs durant mes vacances, qui a fait raisonner la corde de mes racines, de ce que je suis. La nature est fascinante, la symbiose de l’homme avec elle l’est encore plus : ce sentiment d’être soi accompli dans un tout qui prend un sens, je l’ai trouvé dans l’apiculture.
Comment vous est venue l’idée de l’apiculture ?
Ayant exercé auparavant 11 ans au sein de l’Aéronavale, j’ai décidé de stopper ma carrière peu épanouissante et de mener une réflexion sur mes désirs concernant mon avenir professionnel que je souhaitais plus en adéquation avec ma philosophie de vie. Ayant validé des études de biologie et mon père étant anciennement apiculteur en amateur, j’ai souhaité exploiter ce domaine qui m’attirait : le travail à l’extérieur, plus manuel, lié à une approche technique et intellectuelle m’a séduite.
Ne cessant de m’émerveiller devant la complexité, devant l’immensité des possibles et des méconnaissances dans le domaine apicole, devant l’esprit fabuleux de la nature qui a su développer une société parfaitement adaptée à son environnement, produisant zéro déchets mais en plus à l’origine de merveilleux produits pour la santé humaine, je n’ai pu que me prendre de passion pour ce domaine. Je me suis alors questionnée : “serait-il possible de vivre de sa passion, d’en faire un sens plus en adéquation avec mes convictions tout en essayant d’en vivre ? Voilà une belle idée…
C’est alors que j’ai suivi un BPREA en apiculture et effectué des stages auprès d’apiculteurs professionnels afin de solidifier mes acquis et d’acquérir les compétences me permettant de gérer seule une exploitation apicole.
Comment se développe votre activité ? Jusqu’où souhaitez-vous aller ?
Partie de 13 ruches peuplées achetées pour commencer, je suis parvenue par auto-renouvellement aujourd’hui à posséder un cheptel de plus de 100 colonies d’abeilles noires bretonnes avec pour objectif à terme 150 colonies que je mène selon une apiculture la plus naturelle possible.
Mon entreprise se nomme « Les ruches d’Armalia« , où j’ai choisi de combiner les prénoms de mes 3 enfants afin de créer le nom d' »Armalia ».
Bien sûr cette entreprise ne serait rien sans le soutien de mon mari, qui m’aide dans les décisions majeures, dans le quotidien à gérer, dans les transhumances pour la manutention et tant d’autres choses.
Ma mère et moi nous amusons à échanger des trouvailles de recettes et son soutien est primordial dans ma vie de maman.
Enfin mon père, sacré bricoleur, vient à bout de tous les problèmes qui jalonnent la route d’un apiculteur : vous l’aurez compris, ils m’ont suivi dans ce projet fou et se complètent à merveille, ils sont dans les coulisses de ce projet et n’en sont pas moins importants.
Le choix de m’arrêter seulement à 150 ruches est volontaire, je souhaite mener une apiculture à petite échelle, familiale, selon mes valeurs et mon éthique, et axer ma production sur des produits de qualité que je dérive du miel de ma production artisanalement, à la main.
Au-delà de la production de miel, quelles sont vos autres activités au sein des Ruches d’Armalia ?
Passionnée de cuisine, je diversifie déjà ma production de miel et confectionne artisanalement avec beaucoup de bonheur berlingots, sucettes, pains d’épices, confitures et autres spécialités maison, comme le miel au chocolat cru, le miel au curcuma et les aromiels.
J’ai également suivi une formation en apithérapie auprès de l’Association Francophone d’Apithérapie à Lyon, sujet qui me passionne tout autant.
J’ai développé une gamme de cosmétiques entièrement faits à la main avec les produits issus de mes ruches, des valeurs gages de qualité pour mes savons et crèmes.
Qu’est-ce qui est le plus valorisant selon vous dans votre travail ?
Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c’est sa dimension pédagogique : déjà engagée au niveau régional, j’effectue des animations autour du fabuleux monde des abeilles, mais aussi auprès d’écoles, des associations ou entreprises.
Les animations à ma miellerie consistent à faire venir des familles durant la belle saison (juillet et août) par groupe de 20 personnes préalablement inscrites.
Nous enfilons des vareuses et des gants, véritables habits d’apiculteurs, afin d’aller ensemble visiter une ruche vivante. Nous plongeons dans la vie instantanée d’une ruche, voyons des jeunes abeilles naître, d’autres travailler à stocker le miel et tant d’autres choses. Mais surtout, nous trouvons la reine qui est la mère de toute la colonie et qui assure continuellement sa survie.
C’est un moment inoubliable à chaque visite.
J’effectue également des visites auprès de classes d’écoles qui viennent à ma miellerie en apprendre plus sur les abeilles, sur le matériel et comment est extrait le miel. Enfin clou du spectacle de ces visites, je montre une grande ruche vivante dite “claire” qui est une ruche vitrée étalée à plat à travers laquelle les enfants voient in vivo les abeilles travailler, la reine pondre et le miel briller à travers la vitre.
Cette dimension pédagogique me tient à coeur et je souhaite la développer auprès d’écoles volontaires.
J’effectue également ce type de prestation auprès des entreprises désireuses de s’engager sur une démarche environnementale en accueillant des ruches au sein de leurs locaux. Ainsi, les salariés et clients bénéficient de visites de ruches sur place mais aussi du miel de ces ruches implantées chez eux.
Éveiller les consciences chez petits et grands sur la fragilité actuelle de nos écosystèmes mais aussi sur la beauté d’une civilisation d’insectes très évolués datant de 100 millions d’années est un véritable accomplissement pour moi.