Accordez-vous une pause végétale…
Me voilà aujourd’hui dans la campagne Scaëroise. J’ai rendez-vous avec Liliane pour visiter le jardin de Treuscoat. En partant du bourg, prendre la direction de Saint-Jacques, arriver à Créménet et prendre à gauche direction Treuscoat. Un panneau vous indiquera que vous êtes sur la bonne route. Tout au bout de la route, franchir le grand portail, vous y voilà !
Retour sur la naissance du jardin
Liliane et Alex, passionnés et passionnants, sont deux grands amoureux des plantes d’ornements et tout particulièrement des plantes acidophiles et ça fait 50 ans que ça dure !
Il y a 25 ans, leur jardin personnel de 6000 m2 déborde, plus aucune place pour accueillir leurs nouveaux plants...
Fin 1998, ils jettent leur dévolu sur ce terrain de 5 hectares, niché en hauteur sur les rives de l’Isole, en forêt de Cascadec, mi-friches, mi-prairies à l’abandon depuis 30 ou 40 ans ! Il leur faudra 4 ans de défrichage pour venir à bout de la muraille naturelle impénétrable de genêts, d’ajoncs et de ronces. Les chênes seront conservés et bichonnés. Ensuite il leur faudra composer avec la topographie et la nature du sol. En effet, le sol est granitique à souhait, il n’y a par endroit que très peu de terre végétale, tout au plus quelques centimètres. Inadapté à certaines essences, le sol ne peut pas accueillir de rosiers par exemple, qui en plus « seraient vite mangés par les chevreuils » précise Liliane.
Et aujourd’hui… ?
25 ans plus tard, le jardin est méconnaissable, « les visiteurs n’en reviennent pas ! ». « Nous avons essayé de maintenir un cadre naturel et de jouer les murailles omniprésentes ». La partie haute du parc est donc composée de larges allées où il fait bon flâner, tandis que la partie basse est beaucoup plus intimiste, dans l’une et l’autre vous deviendrez un as dans l’art de la contemplation !
Avec 2 hectares supplémentaires en cours d’aménagement, le jardin fait désormais 7 hectares où les plantes, fleurs, arbres et arbustes s’épanouissent à foison.
95% des plantes sont issues de semis ou de boutures et en chiffres ça donne : 1000 variétés de rhododendrons entre hybrides et botaniques, 150 variétés de camélias, 150 variétés d’hydrangeas, 50 variétés de magnolias, des centaines d’érables, des arbres et arbustes rares originaires du Chili, de Californie, du Mexique, de Mandchourie, d’Inde, d’Himalaya…
Les périodes de floraison sont spectaculaires, mais il n’y a pas que les fleurs : couleurs de troncs, de feuillages, de nouvelles pouces forment des palettes de couleurs impressionnantes.
Parce qu’il faut dire que Liliane et Alex sont de véritables magiciens expérimentateurs ! Ils font aussi leurs propres hybridations !
Une vingtaine d’hybrides de leur production sont enregistrés auprès de la RHS (Royal Horticultural Society) fondée en 1804 à Londres, pour la promotion du jardinage et de l’horticulture au Royaume-Uni et en Europe.
Tout récemment c’est aussi par exemple le Cornus « Soleil Rouge » qui a été sélectionné par SAPHO, une association de pépinières qui assure la sélection, l’édition, le développement et la promotion de nouvelles variétés. « Soleil Rouge », qui deviendra flamboyant en été,est donc un hybride, créé ici des mains expertes de Liliane et Alexis, entre un Cornus Kousa Satomi et un Cornus Capitata, à découvrir ici.
« On a toujours des surprises à l’hybridation, agréables ou désagréables, selon les couleurs ou autre, mais bon, au final, je les aime bien tous quand même ! » s’exclame Liliane avec un grand sourire.
Entre passionnés, particuliers ou arboretums, comme tous collectionneurs qui se respectent, il y a des échanges qui se font : des échanges qui pourront paraître bien curieux auprès des néophytes : échange de pollen, de graines… « En ce moment, je suis en contact avec un polonais, j’attends son pollen pour procéder à une pollinisation, mais vu qu’en Pologne le printemps est plus tardif, ce sera trop tard pour cette année, mais ce n’est pas un problème, je garde le pollen au congélateur pour créer l’an prochain un nouvel hybride ! » m’explique Liliane devant mon air abasourdi !
Dis-moi Liliane, comment on fait une hybridation ?
« Juste avant que le bouton de la fleur soit ouvert, on dépose le pollen sur le pistil, et on attend l’automne… Si l’ovaire a grossi, le plant a pris le pollen, la pollinisation a fonctionné, on enlève les étamines, on protège le tout avec un papier d’aluminium. On cueille l’ovaire avant qu’il ne s’ouvre et on récupère les graines. On sème ensuite sur tourbe, fin décembre généralement, et on garde à l’humidité. La germination se fait rapidement et jusqu’à deux mois. Et hop un nouveau plant !
Après il faut faire preuve de patience pour voir le résultat, en effet la première floraison peut se faire au bout de 3, 5, 10, 15, voire 40 ans pour certains spécimens ! » La surprise est donc intacte et le secret bien gardé !
Merci pour le cours de biologie et les explications ! Je me coucherai moins bête ce soir !
Un havre de paix
La partie basse du jardin est romantique à souhait, on s’attend à voir surgir une horde de korrigans de derrière les masses de granit ! Granit qu’il a fallu dompter au prix d’un lourd labeur à la seule force de leurs bras. Le résultat est saisissant ! Des volées de marches en dalle de pierre vous mène dans un dédale de couleurs où règne en maîtres le minéral et le végétal sous un aspect sauvage. C’est la partie que je préfère et Liliane m’avoue qu’elle est du même avis que moi.
En remontant, on arrive près de l’allée consacrée aux rhododendrons à grandes feuilles, ceux là viennent de Chine, d’Inde ou encore d’Himalaya. Pour les plus imposants spécimens, leurs feuilles mesurent 70 cm et on peut compter jusqu’à 33 fleurs sur le même bouquet, l’opulence dans toute sa splendeur !
Une magie !
Et en dehors de ton jardin Liliane, un endroit qui te tient à cœur sur le pays de Quimperlé ? « Oh pas bien loin, les bords de l’Isole à Scaër », un endroit tout proche, qui rappelle la quiétude du jardin, le bruit de l’eau en bonus.
Prêts pour la découverte ?